
La baleine à Bosse
16 juin 1995. Les premières baleines à bosse sont arrivées à Sainte-Marie. Ce sont des individus qui n'ont pas migré et
qui viennent en avance pour retrouver leurs congénères qui arrivent des hautes latitudes antartiques ( 65°S ). Ou bien des échappés ?
En avance sur la grande migration, qui améne les baleines à bosse à revenir chaque année dans les eaux malgaches, pour y
donner la vie et s'y reproduire.
C'est la bosse située à la base de l'aileron dorsal qui vaut à l'espèce le nom de baleine à bosse; et non à cause des tubercules qui
forment 3 rangées, très caractéristiques, sur et, de chaque côté de la tête. De plus lorsque l'animal sonde, le mouvement circulaire qui le propulse vers
le bas, accentue encore cet effet de bosse. On emploie également le terme de mégaptère, vu la longueur des nageoires pectorales qui ressemble
sous l'eau à des ailes. Enfin, le terme jubarte, du vieux français gibbar, est également en usage.
Les grandes baleines sont là. Le spectacle peut commencer : Souffles, bosses, jeux de nageoires pectorales, ballets de caudales, mais
aussi sauts qui libèrent totalement le monstre de son élément liquide. Chanceux, les touristes et les malgaches : les baleines à bosses sont
les plus joueurs des grands balénoptères.
Bien-sûr, le beau temps, à cette époque de l'année, n'est pas toujours au rendez-vous, et l'océan est parfois agité par les alizés
qui soufflent du sud-est. Parfois même, après quelques jours au chaud à jouer à la belote à cause de la pluie, il faut encore parcourir
le canal de Sainte-Marie pendant quelques heures pour voir une ou deux baleines. Mais si la patience est de rigueur, le résultat en vaut
la chandelle. Il y a aussi les chanceux qui, en se réveillant, apercevront un souffle, une caudale ou même un breaching (c'est le nom anglais
pour le saut des baleines).
Qui oubliera, après avoir entendu pour la première fois ce souffle, à la remontée de cette masse qui allie puissance, grâce et souplesse ? Ce
souffle de vie, explosif ; ce défi permanent du grand mammifère à l'élément liquide. Ce souffle qui nous rappelle que les baleines ne sont pas
des gros poissons ; mais des mammifères, qui respirent avec des poumons, dont le nouveau-né unique, issu vivant du ventre de sa mère, sur un
modèle identique aux parents, tète le lait produit par deux mamelles maternelles.
En effet les baleines viennent à Sainte-Marie pour mettre bas et se reproduire. A priori, les premières à arriver sont les femelles accompagnées
des jeunes, nés l'année pécédente puis les immatures, ceux qui ne se reprosuisent pas. Ensuite arrivent, avec une quinzaine de retard,
les mâles reproducteurs, puis les femelles en repos de cycle. Et enfin, arrivent les grosses mères, en fin de gesstation, qui viennent
se délivrer de leur fardeau providentiel.
A Sainte-Marie, l'observation commerciale est organisée depuis quelques années. Tous les hôteliers vous proposeront ou arrangeront pour
vous une ballade ou une croisière aux baleines, pour quelques heures, la demi journée ou la journée entière, avec un repas à midi. La
liste des opérateurs est longue. Il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses : Lakana, La Cocoteraie, Atafana, Sainte-Marie Loisirs,
Antsara, La Crique, la Baleine, etc ... pardonnez-moi si j'en oublie. On peut même observer les baleines du bord, voire confortablement
installé à déguster, comme par exemple à La Crique. Ou bien au cours de la traversée entre Ambodifototra et Soanierana-Ivongo sur le Dugong d'Alain.
Et puis, il y a l'avion. L'Aéro-club de Tamatave pourra vous faire découvrir les léviathans grâce à ces avions à ailes hautes entre Tamatave et
Sainte-Marie ou dans la région. Parfois même, le pilotte d'Air Madagascar effectuera, pour votre plaisir, un petit passage au dessus, pour
vous mettre dans l'ambiance.
Sainte-Marie est l'endroit balnéaire le plus connu pour les baleines à bosses à Madagascar. Mais sachez qu'elles sont présentes tout autour
de la Grande Ile. Ceux qui vont dans le Sud, à Fort Dauphin par exemple, pourront les voir plus tôt et plus tard que les autres. Puisque
les baleines viennent de l'Antartique et y retournent, leurs ébats terminés.
Ceux qui ont envie d'allier grand cétacé, forêt tropicale humide, lémuriens, orchidées et vie sauvage, peuvent se rendre en Baie d'Antongil,
ancien terrain de chasse des baleiniers venus de New-Bedford ou de Nantucket aux Etat-Unis, au milieu du siècle dernier. Sur la côte est,
bien sûr, on peut les voir partout mais la mer est dure.
Des programmes de recherche sont en cours pour mieux connaître les baleines malgaches. La face inférieur de la caudale, dont le patron noir
et blanc est différent pour chaque individu, constitue l'empreinte digitale du mégaptère. On peut photo-identifier une baleine en réalisant
une véritable photo d'identité qui permettra de la reconnaître parmis d'autres, en des périodes et des localisations différentes. Un bon
GPS et un bon appareil photo, vous voilà paré pour la recherche baleinière !
Le plus grand nombre d'animaux possible est identifié chaque année (8000 actuellement dans le monde). Des catalogues photographiques sont
confectionnés. Chaque baleine reçoit un nom. Ensuite, elle est proposée à l'adoption ! Cette opération consiste à contacter des companies
privées ou des particuliers et à leur proposer des photos de leur élue ainsi que des nouvelles sur ses déplacements, ses petits bobos et
sa famille. Tout cela contre une donation qui permettra de continuer à financer la recherche baleinière et d'assurer la conservation de
l'espèce.
Rendez-vous dans le prochain numéro, la suite des aventures de ces baleines à bosses...
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